La halte

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Cela fait maintenant plusieurs heures que je roule sous un soleil de plomb, et le défilé monotone de l'asphalte commence à m’abrutir. Je rentre de la réunion familiale annuelle dans le sud du pays, et comme d’habitude, nourriture, boissons et musique ont été consommés à l'excès. L'été s’est installé pour de bon, et la chaleur est étouffante. La clim de ma vieille 206 est morte depuis plusieurs mois, et je ne me sens pas de rouler encore 400 km dans cet enfer. Je décide de m'arrêter trouver un camping dans le prochain village que je croise. Après 3 jours en tente, ce n’est pas une nuit de plus qui va m'arrêter, et mes vacances sont loin d’être finies. La radio qui jusqu’alors crachotait péniblement musique et publicités sans que j’y prête attention, se met à jouer un air que je connais bien, comme un vieux vinyle sorti d’une armoire poussiéreuse: “Le cinéma”, de Nougaro.

 

“Sur l’écran noir de mes nuits blanches, moi je me fais du cinéma… “

 

Je trouve un camping pouvant m’héberger et commence à m’installer pour la nuit. J’installe ma tente, déballe rapidement mes affaires, puis je prends la direction des sanitaires pour me rafraîchir avant de me mettre en quête de quoi me restaurer dans ce petit village perché au sommet d’une colline, et si possible profiter de l’ambiance estivale en terrasse. Il a fait tellement chaud aujourd’hui, elles seront surement bondées, avec des serveurs qui courent partout l’air paniqués, pendant que tout le monde parle fort et passe du bon temps.

 

Les sanitaires sont au fond du camping, à côté d’un grand espace vert récemment tondu, et la brise de fin journée porte vers moi l’odeur caractéristique de l’herbe fraîchement coupée. J’entre, et l’odeur aseptisée contraste avec l'extérieur, une odeur fraîche, presque mentholée. Le toit du bâtiment est constitué d’une verrière qui illumine la pièce au détriment de la température. L’air est chaud et humide, presque tropical. Alors que j’avance, pensant être seul, je t'entends t'affairer et j'entrevois tes jambes dans l'entrebâillement de la porte de ta cabine. Je commence par détourner le regard, supposant qu'étant seule, tu as préféré laisser la porte ouverte pour ne pas te sentir enfermée.

 

Je choisis une cabine dans la rangée en face de la tienne. Juste avant d’entrer, au moment de fermer la porte, j'entrevois plus précisément ta silhouette... Diable, ce que tu sembles belle, et tu n'ignores pas que je suis là, car mes pas ont résonné sur le sol carrelé lorsque je suis entré. Curieusement, cela ne semble pas t’avoir dérangée…

 

Sur un coup de tête, je décide in extremis de ne pas fermer la porte de ma cabine non plus, et me déshabille pour me doucher. Je n’en fais pas des tonnes, mais je ne cherche pas pour autant à me cacher. Je m’amuse de la situation et souris pour moi même, alors que l’eau tiède bienvenue me délasse de cette longue journée, et que je reste immobile un moment.

 

“D’abord un gros plan sur tes hanches, puis un traveling panorama, sur ta poitrine en grand format, voila comment mon film commence…”

 

Je m’arrache soudain de mes rêveries musicales et me frictionne, un peu émoustillé par la situation et l’air de la chanson qui est resté dans ma tête. Cela se ressent physiquement. Ce n'est certes pas le Salon du Cheval, mais clairement un coup d'œil rapide permettrai à quiconque de dire que je trouve ma douche fort agréable. A tout moment, lorsque je sortirais, je m'attends à voir au mieux ta cabine vide car tu es partie, au pire ta porte refermée, car tu es toujours là mais tu m'as trouvé indécent.

 

Ma douche touche tranquillement à sa fin, quand j'entends une voix claire par-dessus les cloisons, et qui semble venir de ta cabine : "Excusez moi? ...."

C'est forcément toi, et à mon attention, car nous ne sommes que 2 dans ce sanitaire.

-       "Heu… oui? Est-ce que tout va bien?”

-       "Oui, j'aurais juste besoin d'aide pour me passer de la crème dans le dos, je crains d'être restée trop longtemps au soleil cet après-midi…"

Voilà le genre d'invitation qui déclenche illico la machine à fantasmes.

 

“Souriant je m’avance vers toi… : un mètre quatre-vingts, des biceps pleins les manches, je crève l’écran de mes nuits blanches”.

 

Toutefois la corollaire 30.2.2 de la Loi de Murphy s’énonce comme suit : "Si c'est trop beau pour être vrai, alors ça l'est sans doute". Que faire? Je ne vais pas me démonter, mais tâchons de garder une porte de sortie en cas de malentendu, c’est si vite arrivé.

-       "J'arrive, le temps de mettre une serviette", dis-je.

-       ”D'accord, si vous voulez…"

 

Si je veux? Mais que t’imagines-tu? Je ne vais quand même pas aller à la rencontre d'une parfaite inconnue nu comme un ver! Rapidement, j'enfile une serviette autour de ma taille et je sors. En m’avançant, je vois ton visage à travers l'entrebâillement de la porte, ton regard perçant semblant me scanner et lire à travers moi. A la main, tu tiens ce qui m'apparaît être un banal après-soleil. Alors que je m'approche, tu ouvres la porte pour m'inviter à entrer. Tu es nue, souriante, mais ton regard me fait dire que tu es tout sauf une biche effarouchée, et qu'au moindre faux pas je repars illico dans ma cabine, sans négociation. Ton corps est élancé, hâlé de soleil et possède ça et là des marques comme tout le monde en accumule au fil des ans... et qui racontent le roman de ta vie à même ta peau, à la vue de tous.

-       “Voyons voir ce dos qui vous fait souffrir”, dis-je.

 

Tu te retournes avec grâce, me dévoilant un dos bronzé, sans marque de maillot. Par réflexe, je baisse les yeux sur ta chute de reins. Pas une marque non plus. Intéressant…. Je relève les yeux à la recherche de la rougeur pour trouver l’origine de la raison de ma présence. Pas une trace. Rien qu’une peau bronzée uniformément.

-       “Tout va bien?...” .

Quel empoté! Cela était passé en un éclair pour moi, mais en assemblant les signes dans ma tête, nos portes ouvertes, ta requête (enfin devrais-je dire ton prétexte), ta nudité assumée, la chaleur torride et moite… ce qui m'était apparu comme une fraction de seconde était en fait une pause significative dans notre échange.

-       “Oui, pardon”, répondis-je penaud, puis je reprends l’air de rien: “Pouvez vous me passer la crème s’il vous plaît?”

-       “La voilà”. Je ne vois pas ton visage mais ton intonation est souriante, sinon enjouée.

 

Je commence à appliquer la crème sur ton dos, en grands mouvements circulaires et enveloppants. Je remercie silencieusement l’inventeur de youtube et ses tutos de massage, tout en souriant intérieurement et en repensant à l’étudiant plein de fougue et d’hormones que j'étais il y a encore quelques années. Une odeur douce et florale gagne mes narines, probablement du monoï. Concentré à ma tâche, je me rends compte que j’ai noué ma serviette à la va-vite et que cette dernière donne des signes de faiblesse. Un mouvement trop brusque, et celle-ci sera à mes pieds. Je me contracte de mon mieux pour la maintenir, tout en m'appliquant à poursuivre du mieux que je peux ma délicieuse mission. Un moment passe, et je te sens te détendre et pousser un soupir d’aise. Dans un souffle, tu me dis : “J’aime beaucoup les mouvements que vous faites…”.

 

Je prends moi-même du plaisir à parcourir cette peau tiédie par ta douche récente, quand mon anatomie me signifie qu’elle prend également un certain plaisir à la situation, ruinant mes efforts pour maintenir ma serviette en place. Avant qu'il ne soit trop tard, je m'interromps pour la resserrer.

 

Tu devais y penser également, ou avoir des yeux dans le dos, car ta main viens arrêter la mienne et tu me chuchotes: “N’en faites rien…” Je m'immobilise, et comme pressenti, ma serviette lâche, tombant mollement à mes pieds. Cette fois plus de doute, les signes sont trop nombreux, et il est vain de me cacher. Mon sexe, manifestement très heureux d’être libéré, entre en érection et je reprends mon massage alors que l’essentiel de la crème a déja pénétré ta peau. De fait, mes mouvements au départ fluides deviennent plus appuyés, mais de plus en plus amples, et de ton dos, je me retrouve maintenant à parcourir de mes mains tes épaules, ta nuque, tes flancs et tes hanches. Je reste discret sur le bas du dos pour ne pas paraître trop abrupt mais je ne peux pas cesser de fixer ton fessier.

“Vous êtes très belle”, te dis-je à l’oreille.

Ma remarque était un peu niaise car je n’avais jusqu’alors parcouru que ton dos, mais les mots sont sortis de ma bouche sans que j'y réfléchisse.

-       ”Merci”, me réponds-tu en souriant. Et d’ajouter: “Vous n’êtes pas mal non plus. Seriez-vous assez aimable pour m’en mettre également sur les bras et les jambes?”

-       “Bien sûr!”

 

Et je reprends de plus belle l’exploration de ton corps à grand renfort d'après-soleil. Ta peau est douce et je ressens quelques frémissements lorsque mes mains effleurent tantôt tes flancs et la naissance de tes seins fermes, tantôt le haut de tes fesses galbées. Sans que je fasse quoique ce soit pour l’en empêcher, mon sexe enhardi par la situation effleure tes hanches. Contact. Instant de vérité.

Tu me murmures, amusée :  “Il me semble que je vous fais un certain effet!”

Mon corps tout entier vibre d'excitation, mon cerveau flotte comme radeau sur une mer déchaînée d’envie, d’excitation et de désir. Je lutte de toutes mes forces pour ne pas devenir un homme préhistorique uniquement guidé par ses bas instincts, pour que ma réponse reste un minimum intelligible.

-       “Oui vous me faites un effet plus que certain...J’espère que cela ne vous gêne pas?”

Tu lances alors ta main en arrière à la rencontre de mon membre que tu saisis délicatement.

-       “Non, pas le moins du monde” dis-tu, l'intonation toujours souriante.

 

Je poursuis mes caresses en n’excluant plus aucune partie de ton corps. Je voudrais devenir Shiva et être partout à la fois. Tes fesses rebondies sont désormais assaillies par mes mains avides, et je me risque également sur une plus grande partie des seins et l'intérieur des cuisses. Quant à toi, tu me caresses doucement, mais avec suffisamment d’assurance et de prise pour faire monter petit à petit mon plaisir…

- “J’ai fini avec le dos” dis-je à la fois pour en réclamer plus car mon excitation va crescendo, ainsi que pour me ménager une pause salutaire et faire retomber la pression.

- “Hé bien ne nous arrêtons pas en si bon chemin” réponds-tu en lâchant mon sexe, lui accordant le répit tant espéré, et te retournant face à moi.

 

Les rayons du soleil déclinant qui éclairaient ton dos jusqu’alors inondent maintenant ton corps de lumière. Tu es là, devant moi, nue, élancée, souriante et puissante. A la faveur d’une éclaircie, le soleil te révèle dans toute ta splendeur et ta féminité. Sculpturale. Divine. Aphrodite réincarnée parmi les mortels. Étourdi à la fois par le sang qui me bat violemment les tempes et cette vision surréaliste, je tombe à genoux, en pleine épiphanie.

Je balbutie: “Je ne souhaite rien connaître de toi que ce que tu souhaites me dire, je veux te contempler et te vénérer, graver cet instant dans ma mémoire pour le chérir à jamais”

Tu baisses alors les yeux vers moi, et ton visage d’abord inquiet de me voir défaillir se radoucit et s'illumine d’un nouveau sourire.

“D’accord, alors embrasse-moi.”

 

Alors que je me tente avec peine de me relever du carrelage froid et détrempé pour m'exécuter, ta main vient caresser ma joue et tu fais un pas en avant. Mon visage se retrouve ainsi plaqué contre le bas de ton ventre chaud. Je ne cherche pas à résister et abandonne mon objectif premier pour embrasser ton pubis alors que mes mains empoignent tes fesses provocantes.

D'un délicat mouvement du poignet, tu fais basculer ma tête en arrière, tout en t'avançant un peu plus. Manquant de tomber à la renverse, mes mains lâchent prise, pour s’appuyer sur le sol derrière moi. J’embrasse maintenant ton sexe brûlant avec toute la fougue dont je suis capable. Mes bras soutenant mon torse et mon cou, tu maîtrises l’orientation et la pression que ton bassin exerce sur mon visage, ma langue parcourant nerveusement tour à tour tes lèvres, ton clitoris bourgeonnant de plaisir, ou s'aventurant plus avant dans ton intimité. Sans pour autant me réduire à l'état d’objet, c’est toi qui es aux commandes et maîtresse de ton plaisir. Ma vue n’est pas en reste, et je te dévore tant avec ma bouche qu’avec mes yeux, ton corps toujours baigné d’une lumière qui tire maintenant à l’orange incendiaire à mesure que le soleil décline vers l’horizon. Ta tête bascule en arrière, ton corps frémit, ondule et vibre en réponse à nos mouvements coordonnés, alors que je me délecte de toi. Mon sexe se fait le porte étendard de mon plaisir, dressé obstinément vers le ciel, le Zénith, le sommet de l’Olympe. Vers toi, ma déesse d’un jour. Tes gémissements sont tels que mon plaisir s’exprime tout entier à travers le tien, et lorsque tu es prise d’un spasme que je suppose orgasmique, il me semble que je m'épanche moi aussi…

Tu recules alors doucement, le souffle court, et tu glisses sur mon torse en sueur. Je plonge ma tête dans ta poitrine, et je me sens entrer en toi. Alors que c’est ton corps qui physiquement descend vers moi, il semble que c’est mon corps qui s'élève, et pénètre tout entier dans le saint des saints, le domaine des dieux.

Nous faisons l’amour à même le sol et jouissons de concert. Notre étreinte dure encore un moment, pour reprendre notre souffle, puis vient le temps du retour sur Terre. Nous sommes deux êtres humains enlacés dans les sanitaires d’un camping perdu en rase campagne.

 

La douche se rallume un instant pour nous rafraîchir, et nous nous enlaçons une dernière fois. Je regagne ma cabine pour récupérer mes affaires et le temps de sortir, tu as disparu.

En sortant du bâtiment qui avait accueilli cette rencontre hors du temps et de l’espace, j'aperçois les derniers rayons du soleil se couchant derrière les collines au loin. Une légère brise au parfum d’herbe coupée ébouriffe mes cheveux. Affamé par cette rencontre surréaliste, je roule vitres ouvertes vers le centre du village. Dans la radio, toujours vacillante, un classique de Johnny Cash. Malgré sa promesse mélancolique, je ne devais jamais te revoir.

 

“We’ll meet again, don’t know where, don’t know when,

but I know we’ll meet again some sunny day…”

 

Fin.

Une superbe histoire proposé par FELIX FELICIS


Les commentaires

Lilviolette à 11:44, le 22 juin 2024


Très belle histoire! Une belle inspiration que tu as eu de nous l'offrir. Bravo

DidouYogi à 08:08, le 24 juin 2024


Très jolie histoire, fortement érotique, dans un crescendo très excitant. Merci

Vince45 à 09:18, le 30 juin 2024


Très belle histoire

Simcamille à 20:08, le 3 juillet 2024


Superbe histoire, très envoûtante. Merci à toi

Indian à 18:38, le 6 juillet 2024


👏👍👍👍

philosophe à 12:22, le 8 juillet 2024


très sympathique récit, tout en douceur et délicat. bravo

davidsan à 10:45, le 22 juillet 2024


magnifique de sensualité

Matin Coquin à 22:22, le 1 août 2024


Moi qui se suis pas un grand lecteur, tu m'a captivé j'ai adoré te lire , quel joli souvenir

Feeldoe à 11:25, le 8 août 2024


Une belle histoire de vacance


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