L'amour sur le quai

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C'est en abordant la grande rue de Vaise, dans le neuvième arrondissement, que j'ai compris que ce moment allait avoir quelque chose de spécial. Je crois que le côté atypique du quartier situé au bord du fleuve dormant et brumeux y contribuait beaucoup : commercial, animé, presque italien.  
Ce n'était pas comme d'habitude. Il y avait quelque chose de plus authentique depuis le premier appel avec Alex, une connexion limpide portée par une confiance mutuelle.
Dès les premiers mots, elle avait posé le cadre. Une passion pour le libertinage qui m'a pris de court. Alors je l'ai écouté sans juger et je me suis laissé prendre au jeu. Au fil des messages, j'étais pris aux tripes et la température est montée indéniablement aussi.     
L'homme blasé et souvent triste que je suis aurait pu croire que c'était trop beau pour être vrai.  
Les bras encombrés de la composition florale et de mon dernier roman, je trouvai enfin ce numéro 30. Un bâtiment donnant sur la rue commerciale.
Je n'offrais jamais de cadeaux à une femme de peur d'en faire trop ou pas assez.   
Ce matin-là, un parfum de nouveau départ embaumait l'air et je grimpais le premier étage, le coeur battant un peu plus vite à chaque marche, l'excitation provoquée par l'inconnu.
La porte était discrètement ouverte, comme une invitation à l'interdit...
C'était une nymphe aux cheveux délicieusement remixés blond châtain dont les stigmates d'une coloration sulfureuse demeuraient au bout des mèches. Je dirai plus Rita Ora que Dua Lipa, plus electro-pop que rock...  
Alex sortit donc des backstages. Cette égérie de la nature, ce genre de femme ne se croisait pas dans la rue ou n'occupait pas le bureau d'à côté. On l'imaginait, on l'envisageait et là, je la dévisageais. Elle arborait un legging et un léger pull crème.   
Nous échangeâmes une bise.      
Eric Besson aurait craqué devant cette Lilou du libertinage. Quarante ans ? Les gamines de mon boulot pouvaient se rhabiller.
Tout de suite, le décor  a été posé. La présence des animaux y était pour quelque chose. Deux chats se lotissaient contre ses jambes.   
Le studio ressemblait à un nid d'hiver, mais aussi à un lieu d'écriture.
Elle me prit par l'épaule et me dit :  
-Elle est là !
Charlotte se leva la première et m'embrassa juste à côté de la bouche. Je restai interdit. Les cheveux rasés, des yeux noisette en amande, c'était une amazone dont la voix exerçait une incroyable emprise sur moi.        
Je ne rêvais que d'une chose : qu'elle me tue avec ses flèches envoûtées dans une forêt luxuriante.    
En buvant le café, un échange profond sur mon activité d'écrivain s'engagea. Je suis loquace et heureusement pour moi !
Je veillai cependant à rester humble et mesuré. Hors de question de jouer le baratineur.  
Alex avait beau avoir d'impressionnants tatouages, elle était terriblement féminine. Je regardais ses lèvres comme un enfant devant une confiserie.
Nous abordâmes le sujet de mon roman dont l'un des personnages était inspiré de mon hôtesse. Une femme entrepreneuse, mère de famille célibataire libre et engagée qui s'adonnait intensément à sa passion pour le libertinage. Celle-ci essayait de sauver son amie d'un réseau d'escort girl.        
Je leur tendis des feuilles et elles parcoururent des extraits où je m'inspirais d'Alex pour dessiner de ma plume le personnage d'Adélaïde.  
Alex se tourna vers moi et me fixa avec un léger sourire :
-C'est comme ça que tu me vois ?






Du tac au tac, je répondis :
-C'est comme ça que je t'envisage.  
Charlotte murmura :
-Et les scènes coquines ?
-Non, je ne peux pas...
Alex supplia :
-Steuplait ! En plus tu t'es inspiré de moi. Je veux lire les passages où tu me vois au meilleur de ma sensualité.
-Pas sûr que tu sois contente.
-Pourquoi je ne serai pas contente ?  
Je m'inclinai et lui tendis le coeur battant deux autres feuilles volantes.
Je me servis du café et observais les deux femmes loties l'une contre l'autre sur le divan. Elles sautillaient, ouvraient la bouche, se mordillaient les lèvres, Alex se passait la main dans les cheveux. A aucun moment, les deux jeunes femmes me regardèrent.
Je me disais qu'il valait mieux que je parte.  
-C'est super réaliste, mais sur le papier, ça ne vaut rien si on ne le vit pas en vrai dit Charlotte.
Alex baissa les yeux et gloussa :
-Vous m'avez comprise ? reprit l'ami d'Alex.
Elle me demanda :
-Franchement, Alex t'attire à quel point ?
Je lâchai :
-Tu veux savoir à quel pont elle m'attire ?
Interdite, Alex ne me quittait plus des yeux.
-Eh bien, si une femme t'inspire au point que tu te lèves tous les matins pour dessiner les contours de sa sensualité en tapant sur le clavier de ton ordinateur, c'est qu'elle t'attise...
Si tu regardes sa bouche et que tu te dis que tu l'embrasserais toute une vie...
-C'est bon, le baratineur on a compris...
-Et tu serais capable de rejouer la scène la plus chaude du roman en vrai ?
C'est amusant, mais dans ces moments là, le signal s'émet naturellement. Le déboutonnage de ma chemise se fit avec un brin de nervosité. Charlotte nous regardait en se passant une main sous la jupe.  
Il faut l'avouer, elle avait un charisme détonnant.   
Le corps d'Alex se découvrait de lui-même avant qu'elle n'arrive sur le lit où je l'attendais tout nu. Nos lèvres commencèrent  à se coller et nos corps se chauffaient. Entrelacés en une seule entité, son sexe se frottait au mien, alors que nos baisers bruyants rythmaient le début de notre étreinte enragée.  
Mes mains chaudes parcouraient les courbes de ce corps parfait. Parfait pour moi, parfait pour mon inspiration.
Ma langue glissait sur ses seins bondissants et ses tétons qu'elles présentaient comme une offrande.
Lors d'un 69 complètement endiablé, sa langue se collait sur mon sexe dont le sang chaud battait dans les veines apparentes. Je l'entendais s'appliquer et l'aspirer baveusement tandis que je me délectais de son clito et les lèvres de ce vagin puissant dans sa beauté et qui semblait presque innocent.
"-Attends, attends ! "
Elle se retira essoufflée et rouge de plaisir.
-Il y a un problème ? demanda Charlotte.
-Non, ça fat trop longtemps !
Est je en train vraiment en train de de l'emmener vers un orgasme?
La question ne se posait pas. Il fallait rester concentré. Et lorsqu'elle me chevaucha, ma verge sembla se lotir dans un nid moelleux et serré.




Ma courtisane semblait habitée. Oui, le plaisir giclait ses ondes dans tout ce studio et les langues se sondaient mutuellement dans nos bouches avides.

Comme le criait Clara Luccani dans sa révolte :

"ll faut qu'ça bouge, il faut qu'ça tremble, il faut qu'ça transpire encore..."

La levrette fut une belle étape de ce menu sensuel. D'autant que sa chatte était enfin dilatée.  
Les à coups ont continué dans des entrelacements sans fin. Le temps ne se comptait plus. Nous avions déchiré l'atmosphère et ses souffles entrecoupés, son teint rougi par le plaisir et l'effort me fit comprendre qu'il y avait eu une connexion charnelle accomplie.
J'en voulais encore et l'idée de terminer dans cette incroyable bouche eut raison de moi. Pas grave !
Ce fut une escale inattendue que j'attendais depuis très longtemps...            
Sa culotte à ses pieds, Charlotte avait avait ôté son soutien-gorge et continuait à se caresser sous sa mini jupe.
Alex l'embrassa et dégriffa le soutien-gorge de son amie. Elle l'invita à nous rejoindre sur le lit.        

M.B


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