L'Éveil Sensuel du Tantra : Une Journée d'Exploration et de Passion

Cela faisait quelques années que Rachel avait envie d'expérimenter le Tantra et elle fut autant ravie qu'excitée

lorsque Pascal lui dit qu'il avait acheté un livre où les bases (non sexuelles... bien-entendu) y étaient expliquées.

Ils choisirent ensemble la date appropriée : toute une journée dédiée aux cinq sens, aux chakras et à l'amour ! Ce

matin là, après avoir dit à son mari qu'elle ne devait pas être dérangée car elle était en formation tout le jour,

partagée entre libido émoustillée et légère appréhension face à cette expérience inconnue avec son amant, Rachel

se réveilla très tôt afin de terminer la lecture du manuel et tous ses sens étaient en éveil...

Pour une fois elle ne fut pas en retard au rendez-vous ; on ne fait pas attendre un art d'aimer vieux de 9000 ans !

Sur le chemin elle écouta encore les mélopées de Ravi Shankar que Pascal lui avait demandé de compulser ; tous

deux appréciaient ce maître de la sitar dont les envolées envoûtantes remplaceraient peu à peu les blues

voluptueux des étreintes du début de leur relation . À présent ils vivaient une montée en puissance des sentiments

et du physique.

En se garant devant chez Pascal à 10h pile, une légère fébrilité gagna Rachel mais pour l'accueillir il la serra

contre son corps totalement nu et elle se rassembla dans ses bras rassurants, tendres et virils à la fois. Il la

déshabilla tout en l'embrassant, la caressant, l'étreignant tout à tour avec fougue ou en douceur ; quant à elle,

titillant ses lèvres du bout des dents puis les mordant à la limite d'une délicieuse souffrance, elle lui rendait

amoureusement ses baisers. L'entrejambe de Rachel se mouillait comme leurs langues emmêlées et, yeux dans

les yeux ils éclatèrent de rire au même moment en se demandant comment ils réussiraient à ne pas faire l'amour

jusqu'au soir, à minima.

Pour se calmer, ils évoquèrent alors devant un thé chaï au chocolat la manière dont les massages allaient se

dérouler ainsi que les collations et boissons prévues tels-que truffes, huîtres, fruits frais et secs, amandes et

pourquoi pas même quelques bulles de Champage ! Pour eux dans la grande maison de champagne de Pascal,

"Tout n'était qu'ordre et beauté, calme et volupté"* : recouverte d'une couverture type peau de bête la table était

prête, dans l'âtre le feu crépitait comme leurs corps avides quelques heures plus tard, disposées avec soin des

dizaines de bougies éclairant leur désir, en volutes destinées à titiller l'odorat l’encens véritable brûlait

ostensiblement et bien-sûr, les huiles que Pascal avait confectionnées et, sans oublier quelques systèmes vidéo et

éclairages savamment disposés ainsi que différentes textures (plumes, tissus de soie ou de lin rugueux)...

l'emblématique joueur de sitar était prêt à investir l'espace.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, tous deux proposèrent une distraction préliminaire : Rachel l'essayage de

lingerie que son homme venait de lui offrir et Pascal un bain langoureux dans le jacuzzi tout juste installé pour

l'automne

… Fermer la guêpière, enfiler sensuellement les bas de soie, caresser ces tissus et ces peaux transies, s'enlacer,

toujours et encore, prendre la pose, se faire photographier par des yeux qui révèlent la beauté... puis... se lover

dans les bulles coquines, se savonner les corps, se bercer dans l'eau bienfaisante, nourricière comme leur

émotion : en cette fin de matinée la séance tantrique aurait bien failli déraper !!

En se remémorant les sages paroles d'Osho (« Le massage, c’est un art subtil. D’abord tu apprends la technique

et ensuite tu l’oublies : 90% du travail se fait par l’amour, 10% par la technique »), Rachel proposa à Pascal qui

avait eu une semaine stressante au bureau d'être le receveur. Elle tentait de suivre les conseils du manuel mais

c'est surtout son cœur qui était dans ses mains pour la joie et la sérénité de son cher amant. Les uns derrière les

autres elle ouvrit ses sept chakras en y posant délicatement ses paumes, puis elle descendit des trapèzes aux pieds

en passant par les épaules, le torse ferme, les adducteurs musclés, l'intérieur des cuisses, les mollets, jusqu'aux

pieds impatients avant d'atteindre le lingam qui reposait sagement en sa coquille. C'est ici que le Tantra

s'exprime le mieux car, paisible et loin d'une recherche de performance le masculin sacré s'abandonne à un

bonheur indicible sans érection ! Rachel caressait le sexe de Pascal avec tendresse, effleurait ses testicules

comme un papillon se pose dans la fleur offerte, alternait une vive pression avec une autre toute en délicatesse, le

tout en respirant harmonieusement à un rythme identique au sien.

Alors qu'ils voguaient d'unisson sur la même rive apaisante toute d'ors parsemée, le massage prit fin au son du

bol tibétain et ils se posèrent un peu pour se câliner gentiment... puis... subitement... ils sentirent simultanément

l'époustouflante érection de Pascal qui s'exclama : "Mais qu'est-ce tu m'as fait ?"

Cependant, afin de respecter les règles du massage tantrique, ils déjeunèrent pour se calmer sans céder encore à

l'appel vibrant des chairs. La saveur des légumes au kasha cuisinés par Rachel était aussi douce que leurs regards

et ce fut bientôt le moment d'inverser les rôles sans n'avoir consommer rien d'autre que quelques nourritures

terrestres.

Pascal entreprit alors le même protocole amoureux mais la cyprine et le séminal exprimaient de plus en plus le

Niagara de leur désir !

Ses yeux et ses mains emplis d'amour caressaient autant son cœur que le corps de Rachel et c'est alors qu'elle lui

dit : "Prends-moi, j'ai envie que tu me pénètres, là, tout de suite !". Pascal ne se fait pas prier lorsqu' ensemble ils

rompent le pacte muet du matin. Quelle heure est -il ? 18h peut-être ? Cela fait huit heures qu'ils s'effleurent, se

frôlent, se goûtent, se mangent des yeux, ; se malaxent, se murmurent, se mélangent un peu ; se cajolent, se

rigolent et se nourrissent d'un doux feu !

"Prends-moi !"

En se dévisageant quelques secondes, ils ne font qu'un lorsque le lingam et le yoni se joignent tout en lenteurs.

Le gland de Pascal s'imbrique parfaitement entre les lèvres goulues de Rachel : dans cet étroit passage de féminin

sacré c'est une danse nuptiale unie vers l'univers. Paisiblement, dans l'impermanence tactile des chairs … ils se

dissolvent l'un dans l'autre, entrent dans leurs peaux, leurs yeux, leurs sexes, leurs sangs...

"Respire !"

Rassemblant quelques réminiscences du fameux manuel, ils calent leurs souffles l'un sur l'autre et cet effort

donne un supplément d'âme à leur union.

"Encore... Doucement..."

Bercés à l'unisson des respirs alignés, hors du temps une sorte de plénitude s'empare des corps mêlés aux cœurs,

elle les emporte vers des îles inconnues, elle les transporte entre la vie et la mort, elle les guide au tout premier

matin du monde : ils jouissent !

La nuit tombe en même temps que leurs derniers bastions quand Pascal et Rachel s'entrelacent encore dans la

position du lotus où s'abandonne l'instant.

© Mme Yoni

*« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » extrait de « L’Invitation au Voyage » de Charles Baudelaire in « Les fleurs du mal »