WEST, SEX AND GUNS

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Fredaines dans une Amérique en crise

Utah, route 191, octobre 2025


    Le vent s'engouffrant dans l'habitacle de la Jeep de location agite nos masques respiratoires de classe III, pour l'instant accrochés au rétroviseur intérieur. Redevenus mondialement obligatoires l'année passée, ils consacrent tristement la pérennité de l'épidémie de Covid dont les variants ne cessent de défrayer la chronique médicale, après une trêve inexpliquée de deux ans.
    Ces moyens de protection marquent aussi sûrement leur époque que l'omniprésence des armes individuelles ; depuis peu, en effet, le gouvernement fédéral américain autorise même les visiteurs étrangers à en porter, pour leur propre sécurité. Un stage de tir d'une demi-journée et un contrôle des antécédents judiciaires (démarche évidemment payante) sont cependant nécessaires. Certains touristes, déjà tireurs dans leur pays d'origine ou fasciné par cet aspect de la culture américaine, obtiennent ainsi un permis les habilitant à voyager armé. D'autres préfèrent appointer des gardes du corps. Cette précaution s'entend, car les USA, fracturés et en pleine récession depuis l'incroyable retour aux affaires de Trump, connaissent en effet une sévère agitation sociale et une hausse vertigineuse de la criminalité (un destin étonnamment similaire à celui de la Russie depuis l'assassinat de Poutine, prélude à la fin de la guerre ukrainienne, en 2024).
    Le pays demeurant celui du commerce, nous avons pu acquérir deux pistolets et une carabine, après avoir naturellement satisfait aux obligations légales. Nous pourrons même, au prix d'une considérable paperasse, les rapporter en France. Pas un instant nous n'avons sérieusement évoqué avec Manon les conséquences judiciaires de leur éventuel usage durant nos vacances. Nous avons seulement considéré que les détenir serait dissuasif. Et ajouterait, assumons-le, du piment à notre excursion. Si les vols atteignent, dit-on, des niveaux-records, le tourisme n'en est guère impacté, dû moins dans l'Ouest, toujours fantasmé par les visiteurs. Ainsi, tentés par une offre incomparable de la jeune compagnie Mer France, nous nous sommes offert cette virée, au prix cependant d'une vaccination que nous avions jusqu'alors refusée avec une certaine obstination, l'amollissement des contraintes sanitaires françaises l'ayant permis.

    Récemment créée, l'entreprise nationale maritime a mis en service trois navires (partiellement propulsés par des turbines à vent) et ouvert une ligne transatlantique : la hausse phénoménale du prix des carburants fossiles fait que l'on réserve maintenant les avions aux urgences médicales, à la diplomatie et à l'armée. En résumé, l'époque est à la lenteur, 2024 ayant remis nombre de pendules à l'heure et provoqué un choc de réalisme que je n'aurais pas cru possible, surtout après le sursaut de normalité de 2022 et 2023. Le transport aérien était alors de nouveau florissant, le peuple cherchant à se distraire et à oublier certaines sombres perspectives. La réalité a ensuite télescopé le quotidien. La répétition des événements climatiques violents, une sécheresse habituelle, les guerres ou menaces de guerre ont finalement conduit à de véritables efforts en termes de pollution et de consommation : l'imminence du désastre écologique s'est finalement frayé un chemin dans les consciences. Même celles des ultralibéraux puisque des fortunes peuvent se faire (ou s'accroître) aussi en étant plus respectueux de l'environnement…
    C'est donc en bateau que nous avons gagné les États-Unis, les dirigeables commerciaux n'étant attendus que pour 2027.

    En automne, l'Utah offre une température assez clémente pour que nous nous dispensions de la climatisation : l'aération naturelle offerte par les fenêtres entrouvertes permet de maintenir l'habitacle à 25° et ne dérange pas ma jolie dormeuse. Manon, la tête calée contre sa portière, sieste ; nous n'avons pourtant pas à combattre le choc du décalage horaire, la traversée maritime puis le long trajet ferroviaire, de New York jusqu'à Salt Lake City nous ayant très progressivement habitués à l'heure américaine.
    Son T-shirt est trop ajusté pour froufrouter avec le vent et son short en jean, acheté ce matin dans un Walmart quasi désert, dévoile ses jambes sans hâle. Ses pieds, chaussés de vieilles baskets reposent sur le tableau de bord déjà poussiéreux. En vacances, elle abandonne jupe et talons qu'elle favorise au bureau pour apparaître telle que je la préfère.
    La douceur de sa peau, pourtant mille fois parcourue, continue d'inviter à la caresse. Je cède donc à une tentation et promène ma main droite, libérée par la conduite automatique, sur ses cuisses.Puis, irrésistiblement, mes doigts glissent sur son ventre plat, révélé par le court maillot. Négligeant un instant la route, mon regard se coule vers la zone que son nombril domine, car il m'est impossible de résister à l'attraction qu'exerce son pubis sans aucune toison. Mes effleurements ne sont pas ignorés, car, du coin de l’œil, je vois Manon réagir. Les paupières toujours fermées, elle a ce sourire en coin, adorable et canaille, qui, souvent, signale l'imminence d'un épisode sensuel. Elle change justement de position et, avec une grâce désinvolte, bouge de manière à permettre que je m'aventure dans le short maintenant entrebâillé.
    Incapable de dominer mon envie, je commence à dessiner, du majeur, ses lèvres parfaites. Légèrement moites, elles m'incitent à accentuer la pression. Je me glisse entre elles.
    Manon, les yeux désormais bien ouverts, me demande, d'une voix un peu rauque, si je souhaite de l'aide. Avant que ne me vienne une formule spirituelle, elle s'empare du doigt concerné et le porte à la bouche. Elle l'ensalive puis le repositionne et s'en pénètre. Pendant quelques instants, elle joue de moi comme d'un godemiché miniature. Il en naît un émoi certain. Par chance, la rectitude de l'Highway 191 et l'absence de trafic font que mon attention n'est pas entièrement accaparée par la conduite. Elle passe au stade supérieur en suçant à mon nouveau mon majeur. Ces échanges de fluides nous ont toujours excités et cette occasion n'échappe pas à la règle. Elle déguste ainsi sa propre saveur avant de se contorsionner pour m'embrasser. Le baiser est bref, mais n'empêche pas que je devine, sur sa langue, son goût. J'aimerais prolonger l'instant, mais Manon se dégage doucement.
-     Regarde donc la route. Assène-t-elle alors en accompagnant sa remarque d'un rire délicieux.
    Je m'exécute tandis qu'elle recommence à se masturber de la même manière. Pour s'interrompre brutalement lorsque retentit la sirène du véhicule sérigraphié qui s'est littéralement matérialisé dans le rétroviseur.
    Le Bronco aux armes de la « State Police » devait être dissimulé derrière un panneau publicitaire ou un accident de terrain, car nous ne l'avons pas vu arriver. Je n'ai même pas le souvenir de l'avoir dépassé.
    Un rapide coup d'œil au compteur me rassure : nous sommes au-dessous de la limite de 55 miles à l'heure, notre allure scrupuleusement maintenue par le régulateur. Il doit donc s'agir d'un contrôle de routine.
    Tandis que Manon redresse son siège pour adopter une posture moins (délicieusement) lascive, je clignote pour indiquer que j'ai bien compris l'injonction. Ayant assisté jadis à une scène similaire alors que j'étais le passager d'une cousine vivant de longue date aux USA, je sais que je dois obtempérer sans prendre la moindre initiative : ici on ne badine pas avec les forces de l'ordre.
    Pour sa part, afin de répondre à toute question administrative, ma passagère a pris les devants et s'est saisie de mon sac à dos. Celui-ci contient en effet passeports, documents de location du véhicule et permis de port d'armes.
    La Jeep cahote sur le bas-côté et stoppe en soulevant un petit nuage de poussière tout à fait couleur locale. À l'arrêt, je coupe le contact puis place les mains à midi et quart sur le volant, bien en évidence.
    Grâce au rétroviseur, je remarque un système optique sur le pavillon du 4x4 officiel. Le dispositif doit intégrer une imagerie nocturne et thermique ainsi qu'un radar de vitesse. Des caméras lui permettent-elles aussi de distinguer ce qui se passe à bord d'un véhicule observé ? Si tel est le cas, un flic puritain a pu s'étouffer en comprenant notre manège…
    Je n'ai pas le temps d'évoquer cette possibilité avec Manon, car l'officier quitte son bord. Je vois qu'il s'agit d'une femme, très brune, en uniforme beige, chemisette et pantalon aux plis bien nets. Sans casquette, elle avance la main réglementairement sur son arme de service. Une gauchère. À mesure qu'elle se rapproche, je la découvre plutôt petite, le teint hâlé et les cheveux noués. Avec une telle complexion, elle pourrait aussi bien patrouiller du côté mexicain de la frontière.
    Sa démarche trahit son assurance et lorsqu'elle examine, par les vitres latérales, l'intérieur de notre voiture (et notamment nos bagages), elle ne le fait pas à la dérobée. De nuit, nous aurions eu droit à une revue de détail dans le faisceau d'une torche puissante.
    Parvenue à mon niveau, elle abaisse ses lunettes de glacier pour les laisser pendre par leur cordon et s'adresse à nous dans un anglais parfaitement clair. Traits fins, yeux noisette, lèvres pleines. Une jolie fille dans la trentaine finissante. Son poignet droit, comme les nôtres, arbore une bande blanche attestant notre vaccination : miracle biotechnologique, cette peinture vivante disparaîtra si notre niveau d'anticorps chute en dessous d'un certain seuil. À défaut d'avoir trouvé un remède en temps et en heure, la France a apporté cela à l'édifice de la lutte mondiale contre la pandémie. Tous les pays ont adopté cette merveille, devenue un marqueur universel de « bonne santé ». Mieux encore, un code-couleur international permet de l'appliquer à d'autres traitements préventifs (Sida, rouge, hépatite, jaune, papillomavirus, violet…). Manon, qui sait ces choses, m'a assuré que dans les clubs libertins les poignets bigarrés étaient très prisés…
-     French tourists, aren't you ? And you're a Police Officer.
    Manifestement la mise à jour des fichiers américains est performante et elle très prompte à les consulter. Peut-être bénéficie-t-elle d'une interface vocale dans sa voiture ? Et j'ai beau savoir que nos visas révèlent nos professions et que les loueurs de voitures, depuis le « Patriot act », collaborent étroitement avec les organismes de sécurité, la diffusion des informations m'impressionne. Chez nous les ténors humanistes de la CNIL en feraient une crise d'apoplexie.
    Je confirme poliment, toujours sans faire d'autre mouvement qu'orienter ma tête vers elle. Me sentant soudainement « persona grata », je m'autorise à oser une initiative polie, celle de lui demander si elle désire vérifier nos papiers, notamment ceux relatifs à nos armes. Elle se rembrunit aussitôt et me demande de confirmer que nous en détenons.
-     Yes we do, M'aam, dis-je alors, en empruntant un pseudoaccent de péquenaud américain. Cette sorte de quitte ou double comique et provocateur fonctionne. Sans doute parce que nous sommes, malgré les différences de procédures, de moyens et de techniques, des collègues. En tout cas, sa dureté apparente s'efface. Et d'expliquer que le croisement d'informations aurait du lui apprendre que nous étions armés, ce qui la fait brièvement pester contre les bureaucrates à la réflexion, à bien l'observer, un autre facteur peut avoir apaisé son agacement : Manon.
    En effet, lorsque je lui propose de lui présenter les justificatifs légaux, un joli sourire en coin lui illumine le visage avant qu'elle ne hoche la tête. Mais pas à mon intention. En priant ma sexy co-pilote de produire la paperasse qu'elle tient à disposition, je constate qu'elles se regardent déjà. Et lorsque Manon tend les documents, elle exécute un mouvement assez savant pour paraître naturel, dévoilant la naissance d'un sein. Impossible pour la policière de ne pas remarquer sa poitrine menue que n'étouffe aucun soutien-gorge. Il se crée instantanément une perceptible tension érotique et, lorsque la patrouilleuse déleste ma compagne des autorisations, leurs doigts s'effleurent un peu plus longtemps que nécessaire.
    Remarquant l'attention que je porte à ce geste, l'officière rechausse ses lunettes, adopte une posture soudainement plus raide et nous prie d'attendre avant de refluer vers sa voiture. Sans doute pour accéder aux fichiers centraux, grâce aux fonctions avancées de son terminal embarqué.
    J'en profite pour demander à Manon si elle n'a pas eu l'impression de beaucoup plaire à la représentante des forces de l'ordre… Elle répond par l'affirmative, la classant péremptoirement plus homo que bi. Ma compagne sait ces choses et me fait me sentir vraiment très ingénu.
-     Elle te plaît ?
    Une interrogation sans détour expliquée par la grande ouverture d'esprit que nous partageons au sujet de la sexualité : nous sommes un couple ouvert, conscient de ce que la vie est courte et qu'il convient d'en profiter.
    Elle confirme et m'adresse un clin d'œil tout en ajoutant qu'elle se voit toutefois mal lui proposer un « plan », qu'il soit à deux. Voire à trois. Je la remercie de m'avoir associé à ces fredaines hypothétiques puis abonde en son sens, car le pays demeure tout de même assez hypocritement prude (la crise sanitaire n'a pas fait chuter sa production pornographique).
    Je me demande à nouveau si l'attirante policière a pu voir ou comprendre notre jeu sensuel de tout à l'heure… Le contrôle qui vient de se produire peut-il en résulter ? À vrai dire, en France, n'arrive-t-il pas à des collègues en tenue d'arrêter une femme séduisante au prétexte d'une vérification des « documents afférents à la conduite et à la circulation de son véhicule » ? Question rhétorique, car, jeune flic, j'en ai été le témoin édifié. Et plus d'une fois.
    Nous n'obtiendrons pas de réponse à la question, car l'intéressée revient déjà et nous restitue les documents avant de nous souhaiter d'excellentes vacances.
    Après avoir échangé sans complexe un regard prolongé avec Manon, elle nous recommande enfin les pancakes d'un « diner » situé à une trentaine de kilomètres avant de repartir vers son Bronco.
    Alors que je relance notre moteur, nous percevons l'emballement du sien et la voyons nous dépasser en trombe, rampe de gyrophares éclairée.
    Nous concluons à une urgence soudaine avant de reprendre notre route, toujours à la vitesse réglementaire, distraite par une radio FM locale servant une sélection de standards des années 70. Manon reprend une sieste que, sagement, je ne trouble plus. Pour ma part, l'observation du panorama presque désertique et ô combien dépaysant chasse de mes pensées les idées impudiques qu'avait fait naître l'épisode policier. Les miles passent et je me laisse porter par l'atmosphère contemplative propre à la traversée de grandes étendues étrangères. Alors que les prémisses de la fatigue se font sentir, je remarque un panneau publicitaire vantant les mérites gastronomiques d'un certain « Diner »… À 11h15, nous pouvons envisager de faire droit au conseil d'une représentante de la Police d'État.
    Dix minutes plus tard, au sortir d'une longue courbe épousant un entablement rocheux, niché dans un coin dont l'improbable verdoyance doit tout à un petit torrent, nous découvrons le restaurant en question. Nous allons donc nous délecter des fameux pancakes.
    Situé sur la droite de la route, le « Diner » voisine avec une station-service flambant neuve, proposant, outre les hydrocarbures habituels, gaz naturel, recharge électrique et hydrogène. Bienvenue dans un monde moderne !
    Ses pistes sont désertes, mais son parking accueille une demi-douzaine de poids lourds, dont un Tesla aux lignes si futuristes qu'elles risquent d'être ringardes assez vite. Trois bagnoles seulement stationnent devant le restaurant. Dont un Ford Bronco de la Police d'État qui ressemble fort à celui de la séduisante policière…
    Manon et moi échangeons un regard amusé avant de garer la Jeep. La chaleur, que le vent de notre course ne disperse plus, nous saisit immédiatement. Sèche, elle est moins étouffante que son homologue tropicale, mais lorsque nous passons nos masques, nous avons presque l'impression de suffoquer.
     Nous laissons, dans le coffre boulonné à l'arrière de la voiture, le fusil d'assaut en .223 et le 9 mm compact de Manon. Elle ne s'encombre de rien et je me contente de me saisir du sac à dos qui contient mon Colt, nos documents et cartes de crédit ainsi que le « kit de survie » dont je ne me sépare pour ainsi dire jamais (trousse de médicaments et Leatherman).
    Les portes vitrées franchies, nous sommes mollement accueillis par un jeune type, maigre et long, portant un tablier de coton défraîchi, mais propre. Assorti à son masque, dont l'aspect pelucheux suggère des lavages repérés. Un couple âgé, vêtu de toile de jean de bas en haut, et un gars engoncé dans une chemise de bûcheron aux teintes criardes occupent deux tables de la dizaine qui meuble la pièce. Il y flotte une plaisante odeur, bien éloignée de celle de graillon que je redoutais.
    Les clients interrompent leur repas pour nous dévisager et nous saluer aimablement une fois nos poignets cerclés de blanc exhibé. Ce geste est devenu universel, remplaçant la main paume ouverte en guise de salut. Il s'est aussi substitué à la poignée de main, à la bise, à l'accolade et même au « check »… En somme, cette exhibition du symbole de non-contagiosité signifie « bonjour, je ne suis pas malade, nous pouvons échanger », partout dans le monde. Fait très révélateur de l'anxiété globale revenue, on a rapporté des cas de tatouages sanitaires contrefaits dont les porteurs ont été lynchés…
    Nous retournons la politesse à ceux qui déjeunent avant de nous asseoir, nous plaçant près de la baie donnant sur le parc de stationnement. Par déformation professionnelle, j'aime avoir ma voiture à l'œil (je ne me considère pourtant pas comme un maniaque sécuritaire). Mais, pour l'heure c'est Manon que j'observe. Je la sens perturbée et devine facilement pourquoi : si une aussi jolie femme que la policière m'avait effrontément regardé, je serais sans doute en plein émoi. Surtout la sachant peut-être si proche. La provocation me vient donc facilement :
-     Je parie qu'elle t'attend aux toilettes…
    Je lui souris tendrement et lui adresse un clin d'œil de connivence dont je sais qu'il fait vivre mes pattes d'oie et s'animer automatiquement mes fossettes.
-     Tenu ! répond-elle, mutine, et de se lever aussitôt pour prendre la direction des « lavatories », indiqués par une petite pancarte. Elle s'éloigne puis disparaît à l'angle du couloir, non sans m'avoir regardé par dessus l'épaule en m'envoyant un baiser.

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Du côté de Manon

    Je laisse Marc commander les fameux pancakes et me dirige vers les « lavatories ». J'ai pris à la rigolade son pari et tâché de dissimuler mon trouble. Vivre de manière très libre notre union ne signifie pas que faire l'amour avec un/une autre que lui est une routine, aussi mon cœur bat-il la chamade à l'idée de retrouver la policière.
    Cette « carte blanche » est une perspective très excitante, mais tout de même assez improbable : nous sommes dans un pays puritain traversant, comme le reste du monde, une épidémie presque sans précédent. Alors, une agente de l'état, en service, peut-elle éprouver un désir violent pour moi au point de presque me filer un rencart, en présence de mon compagnon ? Même si nous sommes tous vacciné(e)s ?
    Je veux bien admettre que français et Françaises aient une réputation de libertin(e)s (justifiée en ce qui me concerne), mais tout de même…
    Je laisse derrière moi la salle de restauration, exactement semblable à celles qui apparaissent dans les séries américaines. Découvrir ce pays qui dorlote nos imaginaires depuis presque toujours me ravit.
    Empruntant un couloir au lambris peint couleur vanille, les murs décorés de photographies en noir et blanc d'Indiens et de pickups anciens, je foule un lino à carreaux d'un autre temps. Le cœur un peu emballé, je pousse ensuite la porte des toilettes. Vieillottes, mais semblant propres, elles empestent le désinfectant. Je n''y trouve personne, du moins devant les deux lavabos de porcelaine au format de receveurs de douche. Déception, je me l'avoue, car cette fille m'a plu au premier regard. Rien à voir avec l'uniforme ou même sa silhouette, car je n'ai pas eu le temps de la détailler. Ce que j'ai aimé, c'est l'intensité assumée de son regard et l'audace de presque me caresser les doigts en présence de Marc. Les traits de son visage m'échappent, mais l'impression qu'elle m'a faite, en revanche, reste très vive. Est-ce une lesbienne serial dragueuse ? Ou a-t-elle obéi à une impulsion irrépressible ? À mon avis, l'interrogation va demeurer et nous sourirons de l'épisode avec Marc. Peut-être même en ferons-nous un sujet de fantasme…
    Mon excitation refluant, je choisis de profiter de ma présence ici pour une « escale technique » préventive, car une belle distance nous attend avant l'étape du soir et que l'idée de m'accroupir derrière un cactus sous l'œil d'un crotale pour me soulager ne me branche pas vraiment.
    À l'instant où je pousse le panneau de l'un des deux WC, celui dont le loquet est au vert, l'autre s'ouvre. Je ralentis mon mouvement afin de voir qui va en sortir. C'est elle ! Et je veux croire qu'elle m'attendait. En tout cas, mon visage s'empourpre aussitôt et nous nous sourions, immédiatement complices. Je pressens que nous n'échangerons pas un mot, mais que la suite va être intense.
    Mon regard suffisant à formuler mon désir (que le sien reflète), nous pénétrons comme des furies dans le box dont j'ai entrebâillé la porte. Je verrouille celle-ci maladroitement alors qu'elle me dévore déjà la bouche. Sa langue s'enroule autour de la mienne et j'y trouve la saveur du café qu'elle a dû boire en nous attendant. En aveugle, elle défait sa lourde ceinture de service pour l'accrocher à la va-vite à la patère.
    L'envie que je ressens pour elle est inouïe. Pendant que nous nous embrassons comme si nous en avions muselé l'envie des jours durant, je déboutonne mon short. Libéré, il tombe sur mes baskets, me laissant presque entièrement nue puisque je ne porte pas de culotte. Une habitude ancienne, bien ancrée, qui me plaît autant qu'à Marc. Et qui avait surpris une employée du paquebot à bord duquel nous avons voyagé. Ses œillades m'avaient un peu embrasée et, me trouvant le dernier matin seule dans la cabine avec elle, j'avais pris l'initiative de l'embrasser. Nous nous étions hélas arrêtées peu après (sa main déjà dans mon jean) lorsque son chef l'avait contactée avec son talkie-walkie. Impossible par la suite de la recroiser. Au retour, peut-être ?
    Quant à la jolie « chica », j'aime aussitôt ses mains sûres : l'une, propriétaire, retient ma nuque tandis que l'autre passe sous mon t-shirt pour caresser mes tétons, déjà durs. Mes seins, petits, ont longtemps été négligés par mes amants et j'ai dû attendre Marc pour que leur grande sensibilité me soit révélée.  Maintenant, je souhaite qu'ils lui plaisent à elle.
    Pour ma part, je déboutonne sa chemise d'uniforme, remarquant au passage sa plaque d'identification, au nom de « Catarina Dias ». Et bataille un peu pour défaire les attaches d'un gilet pare-balles différent de celui que mon compagnon porte régulièrement. Il rejoint mon propre vêtement sur l'abattant de la cuvette qui s'est abattu avec fracas lorsque nous avons commencé notre manège. L'officier Dias dévoile une sobre brassière dont la blancheur tranche avec sa peau très mate. Je remonte la bande de tissu élastique et découvre des seins lourds aux aréoles très sombres, aux mamelons minuscules. Lorsque je touche sa poitrine, elle apparaît si ferme que je me demande si elle n'a pas été refaite. Qu'importe d'ailleurs puisqu'elle est visiblement tout aussi délicate que la mienne : lorsque je l'embrasse et la lèche avec avidité, Catarina geint doucement, la tête rejetée en arrière. Après quelques instants, elle s'écarte pour s'agenouiller devant moi. Enfin !
    En effet, depuis qu'elle m'a effleuré délibérément la main, tout à l'heure, j'ai envie de ça. Il s'en est fallu d'un rien, après qu'elle nous ait quittés, que je demande à Marc de me prendre pour me soulager du désir qui couvait.
    Et la voilà à me pétrir les fesses pendant qu'elle couvre de baisers soudainement patients aines et pubis. Puis elle oriente sa bouche vers mon sexe et je sens sa langue. Je m'excuserais presque d'être aussi mouillée, mais c'est elle qui provoque ça. En tout cas mon goût ne semble pas lui déplaire : elle me lèche avec une telle application qu'on dirait qu'elle veut s'oublier en moi. Comme Marc le fait. Celui-ci a d'ailleurs dû être une lesbienne dans une vie antérieure pour être aussi inspiré… Je ne lui ai jamais dit, mais j'ai parfois le sentiment qu'il est une nana avec une queue.
    Au moment où Catarina, un pouce introduit en moi, effleure délicatement mon clitoris de ces incisives, je jouis dans un spasme violent qui me fait donner de la tête contre le carrelage mural. Le bruit inquiète assez mon amante pour qu'elle se redresse et me demande « you OK ? » Cette fois c'est moi qui cueille sa nuque de la main pour plonger avec force ma langue entre ses lèvres. Pour le connaître bien, j'y trouve mon goût. Mon état d'excitation est incroyable. Je me décolle d'elle, la prends par les épaules pour la coller contre une cloison et j'agenouille à mon tour. Je défais très vite son pantalon. L'envie de goûter sa chatte est impérieuse. Son tanga blanc abaissé d'un geste brusque m'offre la vue de ce que je désirais découvrir.
    Je vois immédiatement, à son grain de peau, qu'elle est épilée. Sa douceur est telle qu'on dirait qu'elle a toujours été glabre, sauf la toison courte, taillée en un bandeau étroit, qui surmonte des lèvres aussi menues que les miennes, mais bien plus foncées. J'en baise doucement le contour puis, des pouces, les écarte doucement pour révéler leur muqueuse très rose. J'en aime le spectacle. Et l'odeur, un peu musquée, mais délicieuse. Catarina plonge ses yeux dans les miens avant que je n'embrasse son sexe, profondément. Je le fais comme s'il s'agissait de sa bouche et que nous étions amoureuses. Dans le même temps, je caresse ses cuisses et son cul. Leur tonus révèle la sportive qu'elle doit être. Mais là s'arrête l'analyse de sa physionomie, car maintenant seuls mes sens m'importent.  Je la touche. Je la respire. Je la goûte et sa saveur m'emplit. Les yeux mi-clos, transportée, je me délecte d'elle. Ses muscles sont tendus par le plaisir. Un bruit de porte nous ramène soudain à la réalité. Encore à genoux, je l'interroge du regard. Dois-je continuer ? Elle me fait comprendre que non, mais je n'ai pas envie d'en rester là. Il me reste une dernière chose à faire. Je fais non de la tête, lui souris d'un air provocateur et la fais pivoter sur elle-même avant de descendre jusqu'à ses chevilles son pantalon et sous-vêtement. Elle se laisse faire, comprenant sans doute où je veux en venir. Elle écarte d'ailleurs d'elle-même les jambes (autant que le tissu le permet) et, aussi délurée que je peux l'être, se cambre et des mains écarte ses fesses. Je lèche alors son autre orifice tout en lui massant délicatement le clitoris. À ce rythme, elle jouit vite, retenant, comme je l'ai fait, un râle de plaisir. Je la fais à nouveau se retourner et abouche encore un peu son sexe luisant. Savoir que je lui plais et que je la fais mouiller m'excite terriblement. Par un effort de volonté démesuré, je m'interromps. Je me relève et nous reprenons alors notre souffle, enlacées, sa poitrine lourde plaquée contre la mienne. Encore un profond et merveilleux baiser qui mêle toutes nos saveurs puis nous nous rhabillons avant de nous quitter. Je sors la première dans l'idée de me passer de l'eau sur le visage lorsqu'elle glisse une main dans une poche de mon short pour me retenir. Je pivote à nouveau vers elle et, au risque d'être surprises, nous nous embrassons encore. J'aimerais à la fois que le moment dure et confier déjà à Marc ma bonne fortune. Mais elle prend encore l'initiative et recule avant de lancer, avec un clin d'œil charmant, « adios ». Elle referme le panneau en me poussant doucement vers les lavabos. La voilà disparue…
    Vite rafraîchie - du moins extérieurement - je quitte les toilettes. J'entends à ce moment-là la porte du panneau du box que nous occupions s'ouvrir. La tentation de la rejoindre est grande tant j'ai envie de continuer à baiser avec elle. Jamais expérience lesbienne ne m'autant plu. Ce que je viens de vivre a été sublime. Et j'ai joui avec cette inconnue comme je ne l'ai fait qu'avec Marc. Pourtant, le côté transgressif de cette rencontre n'explique pas tout. Comme avec l'amant qui partage maintenant ma vie, cette fille et moi avons en accord immédiat. Une alchimie aussi soudaine que parfaite.
    Je rejoins notre table dans un état presque second, le corps saturé d'endorphines et les jambes flageolantes. Marc comprend immédiatement en me voyant ce qui s'est passé et m'adresse un clin d'œil.
    Nos pancakes sont là et viennent manifestement d'être servis, car j'en perçois la chaleur. Gentleman, mon compagnon m'a attendue. L'occasion est trop belle pour être manquée aussi me penchè-je vers lui pour l'embrasser à pleine bouche. Je veux partager avec lui le goût de Catarina. Avant que je ne m'asseye, il me suce carrément la langue, nous attirant le regard outré du couple de sexagénaires qui termine son banana-split. Que penseraient-ils alors de ce qui vient de produire à dix mètres d'eux ?!

Auteur : GO

 

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Les commentaires

DidouYogi à 16:34, le 23 mars 2023


Quelle histoire ! Une belle montée en tension pour une apothéose tellement excitante !


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