Kiss Kiss
Article publié le 6 avril 2017
Les mots et leurs enchantements m’ont très vite fasciné. Je me suis rapidement intéressé aux poètes comme Baudelaire, Joe Bousquet, Gainsbourg et bien d’autres encore qui influeront beaucoup sur mes écrits. Quant à mes lectures, elles variaient en fonction des saisons, des œuvres du Marquis de Sade pour aller jusqu’au Capital de Karl Marx en passant par l’œuvre complète de Fiodor Dostoïevski qui devint rapidement mon auteur fétiche. Ces romans métaphysiques centrés sur la question angoissée du libre arbitre et de l'existence de Dieu ne tardèrent pas à interférer dans les textes toujours plus décadents qui commencèrent à couler sous ma plume. L’adolescence est une période fragile durant laquelle on remet tout en question : l’autorité, la morale, les mœurs, l’Eglise, la société en général. Aussi, plonger dans l’univers de Fiodor Dostoïevski à ce moment-là, alors que j’avais déjà des pulsions me poussant vers une sexualité non conventionnelle, ne pouvait que donner naissance à un libertin amoureux de sa plume, teinté d’un romantisme que je masquerai par pudeur, romantisme dramatique, marqué par toute cette littérature russe qui berça ma jeunesse.
— Kiss kiss !
C’est un souffle qui frôle mon oreille et une voix extrêmement basse qui me susurre :
— Kiss kiss !
Je me redresse brusquement. Non, ce n’est pas possible. Ces deux petits mots étaient utilisés par Wélia. Elle a été la seule à me les murmurer. Pourtant c’est bien sa voix, c’est bien son parfum mais je persiste à croire que je me trompe dans mes déductions. Et si c’était une mise en scène organisée par Jonas avec la complicité d’une de mes amies couchées ? Oui mais dans ce cas, comment ferait-elle pour prendre cette voix ? Je remue en tous sens.
— Enlève-moi ce putain de bandeau !
— Pour une fois que je t’ai à ma merci tu ne crois tout de même pas que je vais te faire ce plaisir.
C’est Wélia, oui c’est bien elle. Elle vient de s’exprimer à haute et intelligible voix. Je la reconnaîtrais entre mille.
— Wélia, dis-moi que je ne rêve pas !
— Tu ne rêves pas, c’est bien moi.
— Pourquoi ce bandeau sur mes yeux ?
— J’ai été aveugle en n’ayant pas vu ce que tu as fait, bien que j’aie quand même eu des doutes : tu as été sourd aux appels de mon cœur. On aurait dû se marier car comme le dit si bien Montaigne dans ses Essais : « Un bon mariage serait celui d’une femme aveugle avec un mari sourd. » Aujourd’hui c’est toi qui es aveugle, et moi qui suis sourde à ta demande.
J’essaie de défaire tant bien que mal les menottes qui m’enserrent les poignets mais je dois me rendre à l’évidence : Jonas ne m’a pas passé les bracelets qu’on utilise dans le BDSM et qu’on peut aisément ôter en faisant sauter le cran de sûreté. Non, ce sont des vraies. Il ne perd rien pour attendre celui-là ! Je penche ma tête sur le côté et j’essaie de faire glisser le bandeau au sommet de mon crâne en me frottant contre mon épaule. Mais le nœud est bigrement bien serré, on voit que son auteur à l’habitude de se servir de ce genre d’accessoire.
Wélia me prend la tête entre ses mains, la redresse et le plus sereinement du monde elle me dit :
— Allons, reste calme mon amour, cesse de t’agiter en tous sens.
Mon amour. Elle vient de m’appeler « mon amour ». Dites-moi que je ne rêve pas, dites-moi que tout est encore possible.
Puis elle dépose un baiser sur mes lèvres sèches.
— Wélia…
J’ai envie de chialer, comme un gosse. Elle pose un doigt sur mes lèvres.
— Chut ! Tais-toi, laisse-moi faire les choses à mon idée.
Elle se lève et je l’entends manipuler quelque chose. Je perçois des petits bruits que j’ai du mal à identifier sur le coup. Mais très vite, je comprends qu’elle est en train d’ouvrir le couvercle de ma chaîne hi-fi pour y insérer un disque. Les premières notes de La Minute de silence interprétée par Vanessa Paradis s’égrènent tandis qu’elle revient s’installer de nouveau à califourchon sur mes genoux, face à moi. La chanson est d’un niveau sonore assez faible pour n’être là qu’en fond sonore.
Du dos de sa main, elle caresse ma joue et me dit :
— Elle chante notre histoire, tu te souviens ? Je l’écoute très souvent et je ne m’en lasse pas comme je ne me suis jamais lassée de ce que tu m’as fait vivre. Par conséquent tu vas m’écouter, gros bêta.
Qu'est-ce que Wélia va lui annoncer ? Va-t-elle profiter de son corps pendant qu'il est attaché ? Va-t-elle le faire souffrir ? Si oui, comment va-t-il réussir à sortir de cette situation ? Est-ce qu'il y arrivera seul ?
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