Histoires de deux dos

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Une auteur érotique, Aurore Baie, nous a fait l'honneur de nous accorder du temps pour apprendre à mieux la connaître. Découvrez sans plus attendre une interview très complète sur elle et plus particulièrement son parcours, ses récits coquins,... et son blog.

Interview

Quel est votre parcours ?

J’ai ouvert mon blog, Histoires de deux dos, voilà 3 ans maintenant. C’était un petit défi. Une envie d’avoir un jardin secret, pour écrire des textes un peu moins sérieux que ce que je peux être amenée à produire dans le cadre de mon travail de journaliste. Les copines m’ont encouragée, fait tourner l’adresse du blog. Puis le bouche- à-oreille a fonctionné sur Facebook et mon jardin secret est devenu un square, où les gens viennent passer 10, 15 minutes à lire ma dernière histoire… C’est chouette, d’avoir des retours !    

           

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire des nouvelles érotiques ?

J’ai commencé à écrire très jeune et je me suis tournée vers l’érotisme à 16 ans, bien avant d’avoir fait l’amour. J’ai toujours été fascinée par le désir et son expression. Par sa diversité. Ce qui excitera Alphonse laissera Barnabé totalement froid. L’étude de la libido, de la sexualité, qu’elle soit classique ou non, révèle toujours des questions plus profondes. Est-ce que cette paraphilie m’exciterait ? Jusqu’où suis-je prête à aller, par curiosité, désir, amour ? En gros, qui suis-je ?

Et ces questions, suivant l’âge, la culture, le passé d’une personne n’amènent pas les mêmes réponses. Ce qui était inconcevable à 20 ans peut devenir hautement désirable à 40. Je passe mon temps à poser des questions à ceux qui me suivent sur Facebook. J’ai la chance d’avoir une communauté autour de moi, aussi curieuse et bienveillante que je tente de l’être. Il n’y a pas de jugement, dans nos échanges. Et libérer la parole sur la sexualité, pour moi, c’est une priorité. Si les gens étaient mieux dans leur sexualité, dans leur peau, je suis sûre que la Terre tournerait plus rond. 

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Votre entourage est-il au courant pour votre blog ?

Ma mère lisait certains de mes textes et elle était fière de moi. Mes ami-e-s me soutiennent et réagissent régulièrement à mes nouvelles… J’ai du mal à cacher à ceux que j’aime qui je suis. Je pars du principe que c’est un bloc. Soit tu m’aimes dans ma totalité, soit quelque chose te déplaît tant que tu n’en es pas capable, point. Je trouve dommage de cacher des pans entiers de ta personnalité par peur d’être rejeté-e. Tu ne sais, alors, jamais véritablement si tu es apprécié-e pour celui-celle que tu es. Il n’y a qu’au travail que je suis discrète, parce que je veux pouvoir conserver ma crédibilité professionnelle.

Ces nouvelles sont-elles des histoires vécues ?

Des lecteurs me demandent parfois de raconter avec mes mots leur histoire ou leur fantasme. Je les interviewe, je change la fin si la vérité n’était pas à la hauteur de leurs attentes, nous travaillons ensemble à l’élaboration de la nouvelle. Parfois, je lance des défis, sur Facebook, où je demande des mots aux amis. Ils essaient de me coincer, au passage. Mais souvent, l’inspiration vient quand je ne m’y attends pas. Un mot, une conversation chopée au vol… Mon cerveau brode autour.


C’est drôle, cette question revient régulièrement, quand je dis que j’écris de l’érotisme ou que je rencontre des personnes qui me côtoient sur Facebook. Comme si les auteur-trices érotiques avaient automatiquement une vie sexuelle débridée. Je vis avec mon mari depuis 16 ans, j’ai des enfants en bas-âge, je n’écume pas les boites échangistes avec mon string sur la tête… mon profil a l’air de surprendre. Pourtant, si je croisais Stephen King, je ne lui demanderais pas s’il a vraiment croisé un clown tueur dans les égouts. Le premier atout d’un-e auteur-trice, n’est-ce pas son imagination ?

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(Lebisou : Je suis entièrement d'accord ! Et quelle imagination.... :-)).

Vous habitez à Paris. Participez-vous aux soirées « Les écrits Polissons » ?

Cela m’arrive et je suis toujours impressionnée par le niveau des plumes présentes. Pourtant, je suis habituée à écrire sous pression. J’ai participé à plusieurs autres événements organisés par Flore, comme le Salon de la littérature érotique, ou la Sexo Académie. Cette femme est formidable. Elle sait fédérer, lever des tabous, et c’est un plaisir de la côtoyer.

(Lebisou : Flore Cherry est en effet très performante. Nous avons aussi la chance de travailler avec elle sur Lebisou).

Un livre est-il prévu prochainement ?

Je ne publie pas mes écrits ailleurs que sur le web, pour le moment. J’ai néanmoins participé à 2 recueils de nouvelles chez les éditions Textes Gais, dont les bénéfices sont reversés à des associations, et qui doivent toujours être disponibles. D’autres éditeurs m’ont déjà approchée : il faudrait que je saute le pas.

Mais, pour l’instant, j’avoue avoir tendance à prendre l’écriture comme un jeu. Écrire demande de l’investissement et j’ai une vie particulièrement riche, où il est parfois difficile de dégager du temps pour une nouvelle. Alors, un roman… Mais, sur mon ordinateur attend patiemment une nouvelle de quelques dizaines de pages, qui pourrait un jour devenir plus.

(Lebisou : Au vu de la qualité des nouvelles érotiques disponibles sur votre blog, j'espère vraiment découvrir un roman très prochainement !).

 

Note : La photo d'illustration de cet article de blog (en haut de page) est de Christian Ragot, que vous pouvez retrouver sur son book photo : instinctphoto.book.fr.

Auteur érotique Aurore Baie

Aurore Baie

Extrait

Ma libido et moi - Extrait

« Ma libido et moi, on a jamais été vraiment copines. Je l’imagine comme une chatte. Vous savez, l’animal qui ne vous réclame des câlins que quand lui l’a décidé, qui va miauler pendant des heures quand il veut manger, vous empêchant de vous concentrer, de dormir. La bestiole incontrôlable, qui va parfois foutre un sacré bordel dans votre intérieur.


Au début, ce n’était qu’un chaton qui ronronnait vaguement. Il faut dire que je viens d’une bonne famille catholique. De ces choses-là, on ne parle pas. C’est en pleurs que j’ai débarqué au bureau de l’infirmière scolaire, dans mon établissement privé, lui disant que j’allais mourir parce que je me vidais de mon sang. Avec patience et pédagogie, la jeune femme m’a expliqué que non, c’était naturel, d’avoir ses menstrues.

Menstrues. Quel mot atroce, balancé au visage d’une toute jeune fille traumatisée par le fait de devenir femme. « Règles » n’était pas plus facile à entendre. Les règles de quel jeu ? Édictées par qui ? Par les hommes et la société qu’ils avaient érigée ? Désormais féconde, il fallait jouer sans passer par la case « prison ». Éviter les rapports sexuels, rester chaste. Telle était la seule règle à appliquer pour être certaine de ne pas perdre la partie. D’où j’étais, le jeu ne me paraissait pas vraiment palpitant, pour le coup. Mais j’étais jeune et effrayée. Peu aventureuse, j’ai acquiescé. Le risque n’en valait pas la chandelle, pas besoin de m’en convaincre.

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Puis, distinctement, j’ai entendu le ronronnement. Discret, tout d’abord. Quand je croisais un jeune éphèbe d’une quinzaine d’années qui faisait du skate dans les rues de ma petite ville de province, dans son sweat Waikiki. Quand le musicos aux cheveux longs châtain accordait sa guitare au coin du feu de camps de vacances, me faisant oublier son acné d’adolescent. Au début, c’était une simple envie de sentir des lèvres contre les miennes, de vivre l’amour courtois comme dans les romans dont je me gavais. J’imaginais Julien Sorel agenouillé devant moi pour pleurer son désespoir, le jeune Werther trouvant réconfort dans mes bras, Roméo m’enlevant de ma tour dorée pour me faire frissonner de passion. Vers 17 ans, j’avais consciente que je ne me marierai pas vierge, mais j’étais persuadée que celui qui me prendrait ma petite fleur serait également celui qui m’épouserait, quelques années plus tard, quand nous aurions fini nos études.

Foutaises.

J’ai perdu ma virginité sur une plage, avec un bellâtre beau parleur et éjaculateur précoce, lors d’une soirée arrosée pour fêter mes vacances post-bac entre copines. Je m’étais réajustée, j’avais frotté mes fesses pleines de sable, et, en rejoignant la bande, je me souviens avoir pensé : « c’est donc ça, le truc dont tout le monde parle ? La chose qui inspire les artistes, depuis que le monde est monde ? La raison pour laquelle on vit, on meurt ? Cette excroissance de chair qui entre, s’agite mollement trois minutes, et ressort après avoir tout dégueulassé à l’intérieur ? Très peu pour moi ! » Le chat avait cessé de ronronner et j’ai pu, l’esprit tranquille, me consacrer à mes études supérieures. La première partie, du moins. Après ma prépa littéraire, je suis montée sur Paris.


Ah, la liberté ! Mes parents avaient une confiance absolue en moi. Normal. Je n’étais pas dépensière, j’avais des amis bien sous tous rapports et aucun garçon ne me tournait autour, puisque, visiblement, je n’étais pas « ce genre de fille ». Mes géniteurs m’avaient choisi une petite chambre de bonne à Nation, avec douche et kitchenette mais toilettes à la Turque sur le palier. Et, comble de la modernité, un accès à Internet.
Par curiosité, j’ai commencé à surfer. Et j’ai atterri sur des sites pornographiques.


Le chat, qui dormait près de l’âtre depuis de nombreuses années, est venu se frotter à mes jambes, intrigué.
J’étais fascinée. Pourquoi était-ce si excitant de voir des inconnus baiser ? Les gros plans, qui avaient commencé par me répugner, finirent par m’hypnotiser. C’était à ça que ressemblait un sexe de femme, débarrassé de ses poils ? Avec mon miroir de poche, je m’accroupis, me contorsionnais, découvrant pratiquement mon intimité, jungle sauvage jusque-là méprisée. La mienne n’avait pas cette béance, cette luisance. Les scènes de sodomie montraient des culs élargis. Ma rondelle était serrée. Les actrices porno étaient-elles d’une race à part, avaient-elles des orifices plus aptes à recevoir des coups de butoir, ou était-ce à force d’entraînement ? Est-ce que je n’étais pas attirée par le sexe parce que je n’étais pas constituée par nature comme elles ? Pourquoi feulaient-elles quand mon chaton se contentait de ronronner ? Étais-je frigide ? Ces questions sont restées quelques temps sans réponse. Notamment parce qu’à l’époque, je n’avais un abonnement mensuel que d’une vingtaine d’heures de connexion, et que je les consacrais plus volontiers à mes études qu’à mes interrogations anatomiques.


Une de mes amies de l’école de commerce avait ri, quand j’avais pris mon courage à deux mains pour lui poser les questions qui me taraudaient. Pas de moquerie, ni de condescendance. Juste de la surprise. Comment avais-je pu atteindre l’âge vénérable de 21 ans sans avoir connu plus d’un homme et à peine quelques flirts ? Quelle famille normale pouvait laisser partir sa fille dans la capitale sans s’être assurée au préalable qu’elle était armée pour y survivre ? Elle me prit sous son aile, m’expliqua tout ce qu’elle savait, me fit sortir. Peu à peu, je m’ouvris au monde, et aux hommes. Le chat ronronnait plus fort, plus souvent.

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Mais il ne miaulait que lorsque je me rendais, le soir, sur les sites pornographiques. Mes recherches se firent plus audacieuses. J’avais écumé les rubriques, cherchant ce qui m’attirait le plus.
Je n’ai pas aimé ce que j’ai trouvé.


C’est une chose de mouiller devant des films pour adultes. Il semblerait que cela fasse le même effet au plus grand nombre d’entre nous. Je n’étais pas anormale, de ce côté-là, et, visiblement, pas plus frigide qu’une autre non plus. Mais les coïts dans la vraie vie continuaient à me paraître fades, face aux exploits réalisés par les acteurs et actrices de ce cinéma de genre. Lentement, j’ai glissé vers les séquences de triolisme. De gang bang. De sado/maso. De sexe brutal.

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Plus j’allais dans la surenchère, plus j’étais excitée. L’interdit, peut-être. Le hors-norme. Les bites énormes qui défonçaient les petits trous. Les actrices n’avaient pas de nom, pas de visage. Elles n’étaient que des bouts de corps sublimés pour le sexe, étirés pour la performance. Et j’aimais ça, viscéralement.
Quelle femme normalement constituée peut mouiller quand une de ses congénères est utilisée comme vide-couilles par une meute d’hommes en rut ? Que disaient donc mes fantasmes de moi ? J’étais une salope perverse, sans aucun doute possible. J’avais beau garder ça, horrifiée, au plus profond de moi, ces images me hantaient, la nuit. Le chat miaulait, il avait faim. Et sa faim ne s’apaisait que lorsque mes doigts s’égaraient sur mon bouton, qu’ils astiquaient frénétiquement alors que, derrière mes paupières closes s’enchaînaient les dilatations extrêmes, les étranglements et les marques de fessées données vigoureusement. »

 

FIN DE L'EXTRAIT

 

Et vous, avez-vous aussi été attiré par des vidéos pornographiques "hard" sur le web ?

Qu'avez-vous ressenti ? Pensez-vous être une addict de porno ?

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